En Inde, les politiques doivent viser à renforcer les capacités des sols et non à promouvoir les produits agrochimiques

Stopper la dégradation des sols et les faire revivre, et gérer les déchets pour prévenir la contamination de ces sols, ont fait parti des thèmes récurrents lors de la Conférence Nationale sur les Sols en Inde (National Conference on India’s Soils).

La conférence a rassemblé trois importantes parties prenantes dans la gestion de la santé des sols en Inde: les scientifiques, les responsables politiques et les professionnels.

En Inde, les politiques doivent viser à renforcer les capacités des sols et non à promouvoir les produits agrochimiques
Dans de nombreux états, entre 40 et 80% des terres sont classées comme dégradées sous une forme ou une autre. Credit: CIAT / Flicker 

La dégradation continue des ressources naturelles en Inde a été le principal facteur déclenchant l'organisation de cette conférence. L'objectif était de comprendre et d'inverser les dégradations actuelles des sols en Inde avec un accent particulier sur les petites et moyennes exploitations agricoles.


L'actuel paradoxe politique


D'après un rapport de 2010 de l'Académie National des Sciences Agricoles, 120 million d'hectares (38% de la superficie totale) de terres en Inde sont dégradées. De plus, dans de nombreux états, entre 40 et 80% de la superficie des terres sont classées comme dégradées sous une forme ou une autre.
Une mauvaise gestion des terres et de l'eau, associée aux intrants agrochimiques amplifient le problème.

Malgré cela, le montant des subventions aux engrais chimiques a progressé exponentiellement au cours des trois dernières décennies: de 60 crore en 1976-977 (1 crore = 30 millions de roupies) à 70.000 crore en 2016-17.

D'après la note conceptuelle sur la conférence, "la subvention des nutriments à base de produits chimiques a contourné la crise fondamentale que connaissent les sols de l'Inde"

Les décideurs politiques, d'après la note conceptuelle, n'ont pas été capables de s'appuyer sur la nature bio-dynamique et vivante des sols. La dimension hydrologique des sols a aussi été ignorée.


Rénover la santé des sols.


Amar KJR Nayak de l'Université Xavier, Bhubaneswar, a suggéré de passer progressivement des semences exotiques aux graines indigènes et de se concentrer sur l'humidité in-situ plutôt que l'humidité extérieure.

Suite à une expérience sur une ferme d'un hectare, lui et son équipe ont réussi à conserver près de 100000 lites d'eau tout  au long de l'année à travers un système de verrouillage de l'eau.
M.. Palinisamy de la Fondation Dhan a démontré comme l'humidité des sols peut être améliorée grâce à des citernes.


La contamination des sols


L'ordonnance du NGT (National Green Tribunal - Tribunal Vert National) du 2 Février 2017 déclare clairement "déformées" les règles de gestion des déchets, ce qui favorise la combustion de la biomasse.

Gopal Krishna de ToxicsWatch a dit que "les déchets en Inde ont une forte teneur en éléments nutritifs qui peuvent améliorer la santé des sols. Ils contiennent aussi beaucoup d'humidité, ce qui les rend impropres à la combustion".

Signalant "l'abondance des preuves scientifiques" qui montrent que l'incinération non scientifique des mélanges de déchets solides entrainent la contamination des sols et de la végétation locale, Krishna ajoute que "C'est à cause de l'anarchie environnementale que nous continuons de nous concentrer sur la maximisation des déchets et non sur la minimisation"

Concernant la contamination des sols par les pesticides, Dileep Kumar de Pesticide Action Network, insiste sur le fait que sur les 40 pesticides recommandés par le gouvernement, 26 sont très dangereux.

Préoccupé par le fait que seulement un pour cent des pesticides atteignent effectivement la cible et que le reste tue l'organisme non ciblé, Kumar dit qu' "il est prouvé qu'environ 81 pesticides causent des perturbations endocriniennes et que 56 pesticides sont cancérogènes. Même dans les sols, ces pesticides ralentissent les activités des enzymes et provoquent une baisse de la santé des nutriments";

Jagadananada, ancien commissaire à l'information de l'état d'Odisha, résume l'évènement de la journée ainsi: "Je pense que nous avons besoin d'un nouveau cadre et d'un nouveau discours sur la gestion de l'humidité, et une transition graduelle vers l'agroécologie. En plus de traiter la santé des sols comme un bien public, nous devons resituer la science dans le contexte local."

 Soulignant l'objet de ce rassemblement, Rajeshwari Raina de l'Université Shiv Nadar, ajoute que "Nous devons réfléchir sur la manière de créer une synergie entre la connaissance, les politiques et les pratiques, afin que nous puissions faire un effort intégré pour mettre en place des systèmes de sols sains et durables."


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